J’ouvre la porte du dojo et, bien que je connaisse le lieu, je ne peux m’empêcher d’être touché par la beauté simple qui s’en émane. En face de moi, le kamiza est une immense dalle de verre ouverte sur la vallée. Au centre, une calligraphie, Dō, et un bouquet de tulipes. Monochromie, polychromie. Mes pieds s’avancent sur le parquet patiné par les ans, contact doux, presque soyeux, malgré les multiples irrégularités. Le regard porté au loin, je descends en seiza. Au-delà de la vitre, les fûts des mélèzes structurent l’espace, piliers naturels qui font se rencontrer la terre et le ciel. Et entre eux, un entrelac de branches, baigné de soleil. Soudain, dans un bruissement bleuté, un geai s’envole. J’admire le ballet des branches et du vent. Plus massives, plus fines, toutes dansent au rythme de l’univers, chacune à sa manière, mais ensemble. Dans le clair-obscur de ce premier jour de mars, au cœur du dojo, je m’émerveille et m’interroge sur la main de l’artisan qui a su façonner et donner tant d’élégance à un simple cône de mélèze. Sho Shin.
– Sébastien Blanc.